Le sel dans le sang
Une fois de plus, je suis allé faire du kayak surf avec Bruce ce matin. Il y avait beaucoup de vent, donc on a cherché à droite et à gauche quel serait l'endroit le mieux exposé pour surfer.
Premier spot, une vague superbe déboule. Puissante, large, régulière, belle. Je m'élance et glisse, ce qui me réconforte et me réjouit. Les rafales de vent m'inquiétaient. Deuxième vague, plus de difficultés, et je tombe à la renverse. Bruce tombe aussi, et décide qu'il trouve l'endroit trop peu profond, donc dangereux. Nous bougeons.
Nous voici arrivés sur un second spot, où je me lance encore le premier. La vague me soulève, me soulève, me soulève tellement que l'avant de mon bateau passe sous l'eau et touche le fond, inclinant mon kayak dans une position plus verticale qu'à l'accoutumée. Je suis planté comme un roseau l'espace d'une ou deux secondes, jusqu'à ce que je bascule de mon intenable position. La kayak tombe avec moi, et sur moi. Vlan, en plein sur la tête. Etant donné le poids de la bête, je restais quelques secondes à me frotter la tête.
Mais il en fallait plus pour nous décourager et nous revoilà sur notre spot habituel, poles, mais plus proche du bord, pour s'abriter des sautes d'humeur de ce cher Eole. Une fois de plus, un vrai bonheur. Les vagues s'avèrent plus grosses que prévues, aux alentours des 4 pieds, ce qui est à l'heure actuelle la taille qui me convient. Je ne tombe pratiquement plus et me dirige avec beaucoup plus d'agilité. Je reçois chaque jour un peu plus la récompense de mon obstination première.
Beaucoup de vagues néanmoins, me saisissent et me propulse, pour finalement me faire pivoter de côté à mi course, me laissant ainsi dans une position inconfortable, parallèle à la vague qui avance. C'est à dire que mon bateau est un bateau de compétition, qui réagit au moindre de mes gestes. S'il est très maniable, il est également très sujets aux retournements, à l'instabilité, et aux pivotements.
Une autre vague, ma plus belle du jour, m'emportait d'abord comme il se doit pour finalement me dépasser avant que j'aie pu vraiment rentrer dans son aspiration. Dans ces cas là, à cheval sur le dos de la vague qui m'échappe, je n'arrive généralement pas à la rattraper, et elle me file sous le nez. Mais cette fois, en quelques coups de pagaie, épuisé, et la vague ayant atteint le plus haut de sa hauteur, je ne la laissais pas filer sous mon bateau, et basculait in extremis en avant, dans sa course, au moment précis où elle cassait. La bête se brisait en plein sur mes épaules, je glissais de haut en bas à toute vitesse (les yeux fermés), et, évidemment, beuglait de satisfaction aux moutons alentours, si fier d'avoir eu raison de l'animal rebelle.
A chaque vague l'aventure est nouvelle, et l'envie de raconter l'événement, d'en décortiquer les contours, est insoutenable. Je suppose en fait en me relisant que vous n'avez pas dû comprendre grand chose à ce récit, à part peut-être ma frénétique excitation, ou si vous êtes très familier des impressions que peut procurer le surf.
Toujours est-il qu'après trois heures de lutte, nous rentrâmes. Les cheveux comme des cristaux de sel, de l'eau de mer dans les veines, de l'océan plein la gueule. Une chose est sûre, c'est le sel dans le sang que je partirai d'ici.
1 Comments:
Puisse l'eau éviter l'oreille !
PP
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